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De Second Sew à Hedj : pivoter son activité vers la cible professionnelle pour plus d’impact

Bonnes pratiques • Activités économiques responsable • Artisanat
Bonne pratique Hedj

En 2024, l’entreprise Second Sew a évolué pour devenir Hedj. Initialement positionnée sur la confection de vêtements pour enfants en revalorisant d’anciens linges de maison grâce à l’upcycling*, la marque nantaise Second Sew a souffert des difficultés du secteur du prêt-à-porter.

Ses dirigeantes ont fait le choix de se tourner vers la cible B to B, en transformant les textiles des entreprises en accessoires, goodies ou objets que les sociétés n’auront ainsi pas besoin d’acheter.

* L’upcycling ou surcyclage vise à récupérer des matériaux d’un produit en fin d’usage (ici, des tissus) pour les transformer en produit d’une utilité supérieure.

L’intention initiale

8 millions de personnes portent des vêtements professionnels en France, un volume à recycler, estimé à 50 tonnes par an.

Certaines entreprises ont des dotations trop importantes et une partie des vêtements de travail n’est pas portée. D’autres changent de nom ou de logo, et doivent fournir de nouveaux vêtements à leurs salarié.e.s. Que faire de ces vêtements professionnels qui ne sont pas/plus portés, pour éviter le gaspillage textile ? Comment gérer la fin de vie des vêtements professionnels ?

L’entreprise nantaise Hedj propose de venir en aide aux organisations dans la gestion de leurs déchets textiles, avec une offre clé en main leur permettant de revaloriser ces déchets en les transformant en produits qui leur seront utiles, grâce à l’upcyling.

Ce pivot stratégique répond à la nécessité de s’adapter aux nouvelles réglementations, notamment avec la mise en place du 8ème flux de la loi AGEC[1], qui impose aux entreprises de mieux traiter leurs vêtements de travail, équipements de protection individuelle (EPI), bâches et autres textiles à compter du 1er janvier 2025. Hedj propose de transformer cette contrainte en opportunité, en offrant des solutions d’upcycling innovantes et durables.

« En B to B, il y a plus de matière et de volume. De plus, cela nous permet de sortir d’un écosystème de particuliers, déjà convaincus par le réemploi. Là, nous pouvons sensibiliser des salariés qui ne se seraient pas forcément tournés vers l’économie circulaire dans leur vie personnelle », se réjouit Roxanne Gheno, DG Hedj (verbatim issu d’un article du Journal des Entreprises Nouvelle fenêtre).

[1] À partir du 1er janvier 2025, la loi AGEC impose aux entreprises de gérer spécifiquement leurs déchets textiles via le 8ème flux. Cela signifie qu’elles doivent mettre en place des systèmes de tri et de revalorisation pour éviter que les textiles usagés ne soient enfouis ou incinérés. Les entreprises sont encouragées à opter pour des solutions de recyclage ou d’upcycling afin de respecter ces obligations légales.

La mise en œuvre et les moyens

Hedj Nouvelle fenêtre est agréée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale), et société à mission depuis 2021.Ce choix de statut a été fait dès la création de leur société. En effet, l’impact environnemental est très important, mais l’impact social l’est tout autant pour ses co-fondatrices, toutes deux issues de milieux associatifs ou humanitaires.

Une production locale et solidaire

Tous les produits revalorisés par Hedj sont fabriqués en France à travers un réseau d’ateliers partenaires. Ces ateliers sont des structures de l’insertion professionnelle, du travail adapté et de la coopération et des coopératives d’artisanes (comme La Fabrique Arakné).

Cela permet de soutenir l’économie locale tout en offrant des solutions d’emploi pour des personnes en situation de vulnérabilité. Hedj garantit ainsi une production éthique et responsable, tout en assurant une empreinte carbone réduite grâce à une fabrication locale.

Une mesure de l’impact positif pour les entreprises

Hedj propose des offres d’upcycling sur-mesure aux organisations qui souhaitent revaloriser leurs textiles professionnels, mais également de gérer la fin de vie de leurs textiles à travers des solutions d’effilochages en s’appuyant sur leur réseau de partenaires locaux.

Hedj fournit également des rapports d’impact environnemental et social. Ces rapports mesurent l’empreinte carbone évitée, les quantités de déchets textiles revalorisés, ainsi que l’impact sur l’emploi en structures d’insertion. Ils permettent aux entreprises de mesurer concrètement les bénéfices écologiques et sociaux de leurs actions de revalorisation des textiles.

En réutilisant ou en transformant les textiles usagés, les entreprises participent activement à la réduction de leur impact environnemental tout en respectant les réglementations en vigueur. Ce qui représente 92% d’émissions de CO² économisées lors d’une production upcyclée, par rapport à un produit classique, neuf, mis sur le marché.

Les résultats

  • Un chiffre d’affaires multiplié par 2 : sur sa première année de pivot, Hedj a eu 18 clients et son chiffre d’affaires a été multiplié par 2 par rapport à la dernière année d’activité en B to C (sous la marque Second Sew).
  • Changer de marque et de positionnement, tout en conservant les statuts de l’entreprise, agréée ESUS.
  • Conserver son cœur d’activité, basé sur l’économie circulaire : continuer de revaloriser les textiles en soutenant l’économie locale et solidaire.
  • Faire connaitre l’économie circulaire et inciter les entreprises à adopter de nouveaux réflexes, tout en répondant à la réglementation. Pivoter vers la cible professionnelle permet d’œuvrer en faveur de l’adoption de nouvelles pratiques d’achats en remplaçant des produits neufs par des alternatives upcyclées en boucle fermée. Et d’inciter à transformer ses déchets textiles en matières premières utiles.

Les facteurs clés de succès

  • Se faire accompagner : un premier accompagnement « Saison Circulaire » a mis les dirigeantes de Hedj sur la voie de ce pivot en les faisant réfléchir sur les opportunités de ce nouveau marché. Le réseau Entreprendre, dont Hedj est lauréat, les a aussi grandement aidées à prendre la décision de pivoter, et les accompagne toujours. Enfin, la SAMOA les accompagne à travers la « Mode Responsable Evolution ».
  • Faire preuve de flexibilité et d’agilité : bien connaître les opportunités du marché et rester flexible est très important sur les premiers temps du pivot de l’activité. Hedj a par exemple développé son offre pour proposer des solutions complémentaires à l’upcyling avec des partenaires de fin de vie textiles alternatives (recyclage, effilochage…).
  • S’entourer de partenaires locaux, ayant une démarche responsable pour conjuguer impact écologique et impact social. Leurs ateliers partenaires ont suivi les co-dirigeantes de Hedj dans leur nouvelle aventure.
  • Sensibiliser les collaborateur.trice.s en interne pour les faire adhérer à la démarche d’économie circulaire.
  • Co-créer pour inscrire l’économie circulaire de manière durable dans l’entreprise. Il est nécessaire d’échanger avec les organisations sur leurs besoins réels en termes de revalorisation textile. En organisant des ateliers avec les salarié.e.s, les produits upcyclés sont ainsi véritablement utiles à l’entreprise. 
  • S’adapter, être dans une démarche d’optimisation constante pour pouvoir améliorer l’industrialisation des process. En effet, la matière première n’est plus la même. Second Sew transformait du linge de maison (linges plats : rideaux, draps, nappes…) en vêtements, alors que Hedj travaille désormais à partir d’anciens vêtements.

Exemples de réalisations Nouvelle fenêtre